Drill, baby, drill

Réalisé et exposé en 2025 à Chateauvillain (52) Maison Laurentine
- "Drill, baby drill" - Une infamie parmi d'autres...
"Drill, baby, drill" le slogan sonne comme une hérésie
Pour se faire élire, le businessman milliardaire
Aux compagnies promet de larges rentes viagères
Pour les écosystèmes, d'effroi nous sommes saisis
Mais le républicain à l'aura messianique,
N'en a cure d'aggraver la crise climatique
Faire du grand nord, de l'Alaska, un cimetière
Galvanisé par la propagation de "fake"
Il délire, se rêve en maître de l'univers
Voilà qu'il a rallié les géants de la "tech"
Une révolution ne serait pas dérisoire,
Artistique, poétique, elle porterait l'espoir...
G.M
Derrick en chêne (hauteur 340cms, longueur 580cms, largeur 176cms)
Sphère de 181 suspensions d'inox, une face polie miroir, une face peinte - 1,70 mètre de diamètre
Ventilateurs, bandes de film VHS
Pour se faire élire, le businessman milliardaire
Aux compagnies promet de larges rentes viagères
Pour les écosystèmes, d'effroi nous sommes saisis
Mais le républicain à l'aura messianique,
N'en a cure d'aggraver la crise climatique
Faire du grand nord, de l'Alaska, un cimetière
Galvanisé par la propagation de "fake"
Il délire, se rêve en maître de l'univers
Voilà qu'il a rallié les géants de la "tech"
Une révolution ne serait pas dérisoire,
Artistique, poétique, elle porterait l'espoir...
G.M
Derrick en chêne (hauteur 340cms, longueur 580cms, largeur 176cms)
Sphère de 181 suspensions d'inox, une face polie miroir, une face peinte - 1,70 mètre de diamètre
Ventilateurs, bandes de film VHS
DRILL, BABY, DRILL
Une création de Gilbert MARCEL à Châteauvillain (dans le cadre de la manifestation "dignités de la beauté" sur le site le chameau, locaux de l'ancien Castel Broc)
Art cinétique, Art contestataire et les territoires extractifs de TRUMP.
Mouvement, résistance et dévastation dans l'ère de l'Anthropocène.
Art cinétique, Art contestataire et les territoires extractifs de TRUMP.
Mouvement, résistance et dévastation dans l'ère de l'Anthropocène.
L'Art cinétique : La mécanique du mouvement perpétuel
L'art cinétique naît dans les années 1950 d'une fascination pour le mouvement, la vitesse et la transformation industrielle du monde. Les œuvres de Yaacov AGAM, de Victor VASARELY ou de Jean TINGUELY capturent cette ivresse moderne : des structures qui bougent, vibrent, se transforment sous l'œil du spectateur. Mais derrière cette vibration esthétique du mouvement se cache déjà une prophétie inquiétante. Ces machines artistiques, avec leurs rouages apparents et leurs mouvements répétitifs, ne font-elles pas écho aux premières foreuses qui commençaient à perforer la terre pour en extraire l'énergie fossile ? L'art cinétique, dans sa dimension la plus troublante, révèle notre fascination pour la mécanisation du monde - cette même logique qui transformerait bientôt des territoires entiers en zone d'extraction. Les mobiles de CALDER dansent dans l'air comme autant de derricks stylisés. Les structures motorisées de TINGUELY grincent et claquettent avec la même régularité exceptionnelle que les pompes à huile qui percent déjà le le paysage américain. L'art cinétique prophétise inconsciemment l'ère de l'extraction totale : il célèbre le mouvement pour le mouvement, la vitesse pour la vitesse, l'énergie pour l'énergie. Gilbert MARCEL s'inscrit dans cette lignée d'artistes qui n'hésitent plus à prendre position sur les méfaits des puissants du monde aux seuls motifs de leur appétit sans fin de pouvoir et d'argent.
L'art contestataire : Quand l'esthétique devient résistance
Face à cette mécanisation du monde, l'art contestataire émerge comme un contre-mouvement. Des fresques murales de Diego RIVERA dénonçant l'exploitation industrielle aux performances écologiques d'Ana MENDIETA, en passant par les détournements situationnistes, l'art devient une arme de résistance contre la logique extractiviste. L'art contestataire révèle ce que l'art cinétique masquait : derrière l'esthétique du mouvement se cache la violence de l'extraction. Quand Robert SMITHSON crée sa Spirale Jetty dans le Grand Lac Salé, il révèle la beauté troublante des paysages industriels tout en questionnant notre rapport à la terre. Quand Andy GOLDSWORTHY compose avec les éléments naturels, il oppose à la logique extractive une esthétique de la collaboration avec le vivant. Les œuvres de Gustave METZGER sur l'art auto-destructif anticipent les catastrophes écologiques. Ses sculptures qui se corrodent sous l'acide préfigurent les paysages ravagés par la fracturation hydraulique. L'art protestataire devient prophétique : il annonce les désastres que l'art cinétique, dans son innocence technologique, n'avait pas su voir venir.
Le projet démentiel de TRUMP : L'Amérique transformée en terrain d'extraction
Janvier 2025. Donald TRUMP déclare l'état "d'urgence énergétique nationale" dès son premier jour de mandat. Son slogan "Drill, baby, drill" n'est plus une provocation électorale mais un programme de gouvernement. Le président américain annonce son intention de transformer les États-Unis en terrain d'extraction totale. L'Alaska, "butin de richesses naturelles" voit ses protections environnementales levées d'un trait de plume. Le refuge faunique national de l'arctique, sanctuaire de la biodiversité, devient une zone de forage autorisée. Les parcs nationaux, ces cathédrales de la nature américaine, s'ouvrent aux compagnies pétrolières. L'ampleur du projet est vertigineuse : TRUMP entend "augmenter la superficie de territoires ouverts à l'exploration pétrolière et gazière (notamment en milieu marin et en Arctique)", transformant l'Alaska en zone qui pourront être "criblées de bulldozers, tronçonneuses, puits de pétrole, mines et carrières, ports de pêche, pipelines, raffineries, plateformes pétrolières et giga-tankers". Les conséquences climatiques sont catastrophiques : selon une étude du site Carbone Brief, "ce sont pas moins de 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires qui seraient ajoutées aux émissions de gaz à effet de serre des États-Unis d'ici 2030, soit l'équivalent des émissions annuelles cumulées de l'Europe et du Japon".
Les réserves semblent inépuisables : les réserves de gaz de schiste américaines étaient estimées en 2007 à 23304 milliards de m3, elles sont passées à 393779 milliards de m3 en 2021, "une estimation réévaluée de 1590%". Pour le pétrole de schiste, l'augmentation atteint "2005% en 2023 par rapport à 2007".
La synthèse du triptyque : Vers une esthétique de la dévastation / DRILL BABY DRILL
Ce triptyque révèle une vérité troublante de notre époque. L'art cinétique a célébré la beauté du mouvement mécanique sans voir qu'il annonçait l'ère de l'extraction totale. L'art contestataire a tenté de résister à cette logique mais n'a pu l'empêcher. Et aujourd'hui, le projet de TRUMP réalise la synthèse dystopique de ces deux mouvements : il transforme l'Amérique en œuvre d'art géante, où des milliers de foreuses percent la terre dans un ballet mécanique sans fin. La fracturation hydraulique comme performance artistique totale ? : Imaginez les États-Unis vus du ciel, criblés de derricks qui se dressent comme autant de sculptures cinétiques. Les pipelines dessinent sur le territoire des réseaux géométriques dignes de l'art conceptuel. Les flammes des torchères illuminent la nuit américaine d'une lueur apocalyptique. C'est l'art cinétique porté à son paroxysme démentiel : un pays entier transformé en machine extractive. L'esthétique de l'Anthropocène : ce que TRUMP réalise, c'est la transformation de l'art cinétique en projet politique total. Le mouvement perpétuel des machines devient l'extraction perpétuelle des ressources. La beauté du mouvement mécanique justifie la destruction du vivant. L'art cinétique, débarrassé de toutes considérations esthétique, révèle sa véritable nature : une esthétique de la domination technique sur le monde.
La résistance comme nouvel art contestataire : face à cette démence extractiviste, un nouvel art contestataire émerge nécessairement. Il ne s'agit plus de créer des œuvres dans les galeries mais de transformer la résistance écologique en performance globale. Chaque action contre un pipeline devient une œuvre d'art. Chaque occupation de territoire menacé devient une installation. Chaque acte de désobéissance civile devient une performance.
L'art de l'ère de l'extraction totale
Le triptyque art cinétique / art contestataire / extraction trumpienne révèle le destin tragique de l'art occidental au XX ème siècle. Né de la fascination pour la technique, il a oscillé entre célébration et résistance avant de voir ses propres obsessions réalisées dans le projet géopolitique le plus démentiel de notre époque. Aujourd'hui, face à la transformation de l'Amérique en machine extractive géante, l'art ne peut plus se contenter d'être cinétique ou contestataire. Il doit devenir régénératif. Il doit apprendre des champignons qui prolifèrent dans les ruines du capitalisme, comme l'enseigne Ana TSING. il doit développer une esthétique de la collaboration avec le vivant plutôt que la domination sur la matière. Car au final, ce triptyque nous enseigne ceci : l'art cinétique a révélé notre désir secret de transformer le monde en machine, l'art contestataire a tenté de résister à cette pulsion, et TRUMP réalise aujourd'hui cette synthèse démoniaque en transformant un continent en œuvre d'art industrielle totale. Il nous reste à inventer un quatrième mouvement : un art qui ne célèbre ni ne conteste mais qui collabore. Un art qui apprend du mycélium plutôt que du moteur. Un art de la friction plutôt que de la vitesse.
Un art de la prolifération plutôt que de l'extraction.
L'enjeu n'est plus esthétique mais civilisationnel : saurons-nous créer un art qui répare plutôt qu'un art qui détruit ?
Pierre BONGIOVANNI - 2025, Responsable artistique de la Maison Laurentine, Commissaire d'exposition.
L'art cinétique naît dans les années 1950 d'une fascination pour le mouvement, la vitesse et la transformation industrielle du monde. Les œuvres de Yaacov AGAM, de Victor VASARELY ou de Jean TINGUELY capturent cette ivresse moderne : des structures qui bougent, vibrent, se transforment sous l'œil du spectateur. Mais derrière cette vibration esthétique du mouvement se cache déjà une prophétie inquiétante. Ces machines artistiques, avec leurs rouages apparents et leurs mouvements répétitifs, ne font-elles pas écho aux premières foreuses qui commençaient à perforer la terre pour en extraire l'énergie fossile ? L'art cinétique, dans sa dimension la plus troublante, révèle notre fascination pour la mécanisation du monde - cette même logique qui transformerait bientôt des territoires entiers en zone d'extraction. Les mobiles de CALDER dansent dans l'air comme autant de derricks stylisés. Les structures motorisées de TINGUELY grincent et claquettent avec la même régularité exceptionnelle que les pompes à huile qui percent déjà le le paysage américain. L'art cinétique prophétise inconsciemment l'ère de l'extraction totale : il célèbre le mouvement pour le mouvement, la vitesse pour la vitesse, l'énergie pour l'énergie. Gilbert MARCEL s'inscrit dans cette lignée d'artistes qui n'hésitent plus à prendre position sur les méfaits des puissants du monde aux seuls motifs de leur appétit sans fin de pouvoir et d'argent.
L'art contestataire : Quand l'esthétique devient résistance
Face à cette mécanisation du monde, l'art contestataire émerge comme un contre-mouvement. Des fresques murales de Diego RIVERA dénonçant l'exploitation industrielle aux performances écologiques d'Ana MENDIETA, en passant par les détournements situationnistes, l'art devient une arme de résistance contre la logique extractiviste. L'art contestataire révèle ce que l'art cinétique masquait : derrière l'esthétique du mouvement se cache la violence de l'extraction. Quand Robert SMITHSON crée sa Spirale Jetty dans le Grand Lac Salé, il révèle la beauté troublante des paysages industriels tout en questionnant notre rapport à la terre. Quand Andy GOLDSWORTHY compose avec les éléments naturels, il oppose à la logique extractive une esthétique de la collaboration avec le vivant. Les œuvres de Gustave METZGER sur l'art auto-destructif anticipent les catastrophes écologiques. Ses sculptures qui se corrodent sous l'acide préfigurent les paysages ravagés par la fracturation hydraulique. L'art protestataire devient prophétique : il annonce les désastres que l'art cinétique, dans son innocence technologique, n'avait pas su voir venir.
Le projet démentiel de TRUMP : L'Amérique transformée en terrain d'extraction
Janvier 2025. Donald TRUMP déclare l'état "d'urgence énergétique nationale" dès son premier jour de mandat. Son slogan "Drill, baby, drill" n'est plus une provocation électorale mais un programme de gouvernement. Le président américain annonce son intention de transformer les États-Unis en terrain d'extraction totale. L'Alaska, "butin de richesses naturelles" voit ses protections environnementales levées d'un trait de plume. Le refuge faunique national de l'arctique, sanctuaire de la biodiversité, devient une zone de forage autorisée. Les parcs nationaux, ces cathédrales de la nature américaine, s'ouvrent aux compagnies pétrolières. L'ampleur du projet est vertigineuse : TRUMP entend "augmenter la superficie de territoires ouverts à l'exploration pétrolière et gazière (notamment en milieu marin et en Arctique)", transformant l'Alaska en zone qui pourront être "criblées de bulldozers, tronçonneuses, puits de pétrole, mines et carrières, ports de pêche, pipelines, raffineries, plateformes pétrolières et giga-tankers". Les conséquences climatiques sont catastrophiques : selon une étude du site Carbone Brief, "ce sont pas moins de 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires qui seraient ajoutées aux émissions de gaz à effet de serre des États-Unis d'ici 2030, soit l'équivalent des émissions annuelles cumulées de l'Europe et du Japon".
Les réserves semblent inépuisables : les réserves de gaz de schiste américaines étaient estimées en 2007 à 23304 milliards de m3, elles sont passées à 393779 milliards de m3 en 2021, "une estimation réévaluée de 1590%". Pour le pétrole de schiste, l'augmentation atteint "2005% en 2023 par rapport à 2007".
La synthèse du triptyque : Vers une esthétique de la dévastation / DRILL BABY DRILL
Ce triptyque révèle une vérité troublante de notre époque. L'art cinétique a célébré la beauté du mouvement mécanique sans voir qu'il annonçait l'ère de l'extraction totale. L'art contestataire a tenté de résister à cette logique mais n'a pu l'empêcher. Et aujourd'hui, le projet de TRUMP réalise la synthèse dystopique de ces deux mouvements : il transforme l'Amérique en œuvre d'art géante, où des milliers de foreuses percent la terre dans un ballet mécanique sans fin. La fracturation hydraulique comme performance artistique totale ? : Imaginez les États-Unis vus du ciel, criblés de derricks qui se dressent comme autant de sculptures cinétiques. Les pipelines dessinent sur le territoire des réseaux géométriques dignes de l'art conceptuel. Les flammes des torchères illuminent la nuit américaine d'une lueur apocalyptique. C'est l'art cinétique porté à son paroxysme démentiel : un pays entier transformé en machine extractive. L'esthétique de l'Anthropocène : ce que TRUMP réalise, c'est la transformation de l'art cinétique en projet politique total. Le mouvement perpétuel des machines devient l'extraction perpétuelle des ressources. La beauté du mouvement mécanique justifie la destruction du vivant. L'art cinétique, débarrassé de toutes considérations esthétique, révèle sa véritable nature : une esthétique de la domination technique sur le monde.
La résistance comme nouvel art contestataire : face à cette démence extractiviste, un nouvel art contestataire émerge nécessairement. Il ne s'agit plus de créer des œuvres dans les galeries mais de transformer la résistance écologique en performance globale. Chaque action contre un pipeline devient une œuvre d'art. Chaque occupation de territoire menacé devient une installation. Chaque acte de désobéissance civile devient une performance.
L'art de l'ère de l'extraction totale
Le triptyque art cinétique / art contestataire / extraction trumpienne révèle le destin tragique de l'art occidental au XX ème siècle. Né de la fascination pour la technique, il a oscillé entre célébration et résistance avant de voir ses propres obsessions réalisées dans le projet géopolitique le plus démentiel de notre époque. Aujourd'hui, face à la transformation de l'Amérique en machine extractive géante, l'art ne peut plus se contenter d'être cinétique ou contestataire. Il doit devenir régénératif. Il doit apprendre des champignons qui prolifèrent dans les ruines du capitalisme, comme l'enseigne Ana TSING. il doit développer une esthétique de la collaboration avec le vivant plutôt que la domination sur la matière. Car au final, ce triptyque nous enseigne ceci : l'art cinétique a révélé notre désir secret de transformer le monde en machine, l'art contestataire a tenté de résister à cette pulsion, et TRUMP réalise aujourd'hui cette synthèse démoniaque en transformant un continent en œuvre d'art industrielle totale. Il nous reste à inventer un quatrième mouvement : un art qui ne célèbre ni ne conteste mais qui collabore. Un art qui apprend du mycélium plutôt que du moteur. Un art de la friction plutôt que de la vitesse.
Un art de la prolifération plutôt que de l'extraction.
L'enjeu n'est plus esthétique mais civilisationnel : saurons-nous créer un art qui répare plutôt qu'un art qui détruit ?
Pierre BONGIOVANNI - 2025, Responsable artistique de la Maison Laurentine, Commissaire d'exposition.